23 mai 2016

Malgré la haine et le racisme du Figaro, Saint-Denis est et restera fière, digne, populaire et rebelle !

Communiqué d'Ensemble! Saint-Denis

Malgré la haine et le racisme du Figaro, Saint-Denis est et restera fière, digne, populaire et rebelle !
Une fois de plus, une fois de trop, un journal, le Figaro Magazine, veut faire passer Saint-Denis pour une ville où règne un islam fanatique et où ses habitant-e-s seraient pour une grande part des intégristes.
ENSEMBLE ! condamne cette tentative réitérée de division et de stigmatisation.
Le Figaro Magazine voudrait nous faire croire qu’à Saint-Denis on ne trouve que de la viande halal ou que ce sont les salafistes qui imposent les tenues des habitantes. Tout cela n’est pas sérieux pour quiconque vit ou travaille à Saint-Denis.
Le jeu mortifère qui consiste à prendre quelques cas pour en faire des généralités sur notre ville ne relève pas du journalisme. C’est une opération politique qui vise à assimiler et amalgamer « quartiers populaires », « musulmans », « islam », « islamisme », « salafisme », « intégrisme » et « terrorisme ». Un vrai travail d’enquête journalistique aurait consisté non pas à rédiger un dossier à charge, mais à montrer les différentes facettes de la réalité des Dionysien-ne-s. La journaliste aurait alors vu que les Dionysien-ne-s ont de nombreux problèmes qui n’ont pas à voir avec l’islam : la dégradation des conditions de travail, le chômage, le recul voire la disparition des services publics, les discriminations subies à l’embauche ou à l’école, une police nationale réduite à peau de chagrin… Dans bien des cas, Saint-Denis est effectivement une zone de non droit : non droit à l’égalité scolaire ou à l’accès à l’emploi.
Rien d’étonnant que ce soit le journal de Dassault, qui s’enrichit en finançant les guerres et en vendant des armes, notamment au Moyen-Orient, qui déverse ces clichés et ces mensonges. Mais cette haine et cette stigmatisation qu'ils ont à l'égard des quartiers populaires, ne sont pas acceptables, alors même que les habitant-e-s de Saint-Denis ont été frappés par les attentats de novembre dernier.
ENSEMBLE! dénonce et condamne ces caricatures dignes des années 1930 et le racisme et l’islamophobie qu’elles véhiculent. Parce qu’il n’est plus possible de laisser passer sans sanction ces clichés racistes et islamophobes, ENSEMBLE! demandent expressément au Maire de Saint-Denis d’entamer une procédure juridique contre le Figaro Magazine.
Cette stigmatisation des Dionysien-e-s se produit alors que de nombreux salarié-e-s, de jeunes et d'étudiant-e-s, des parents d’élèves, des enseignant-e-s sont mobilisés contre la loi « Travail » et contre les effets des politiques d’austérité. Nous ne nous laisserons pas diviser. Debouts dans l’adversité, fier-e-s de nos origines multiples, rassemblé-e-s autour de nos valeurs de solidarité et de fraternité, nous continuerons de lutter contre leur racisme et pour l’égalité.
Saint-Denis, le 21 mai 2016

17 janvier 2016

Contre la justice de classe, solidarité avec nos camarades !

Mardi 12 janvier, huit militants syndicaux ont été condamnés à 2 ans de prison dont 9 mois ferme. Ils avaient séquestré le directeur de la production et le directeur des ressources humaines du groupe Goodyear il y a deux ans pendant une occupation de leur usine, pour protester contre sa fermeture et la destruction de 1142 emplois. Il faut noter que les deux cadres ainsi que Goodyear avaient finalement retiré leurs plaintes contre les ouvriers, dans le cadre de l’accord négocié à la fin d’une lutte exemplaire qui aura duré 8 huit ans. C’est donc l’État qui a poursuivi avec acharnement les 8 militants et obtenu ces scandaleuses condamnations.

acharnement de l’état = acharnement du gouvernement

Cette violence de l’Etat contre notre camp social correspond à la volonté du gouvernement de détruire toutes les formes de résistances sociales. Les condamnations et les amendes lourdes contre les militants du mouvement social se multiplient. Les moyens sensés servir à la lutte antiterroriste (assignations à résidence pendant la COP 21) sont également mobilisés. Hollande, Valls et Macron font la démonstration de leur détermination à mettre tous les moyens de l’Etat au service de leur politique de soumission au patronat.

l’extrême droite est l’amie des patrons

Comme d’autres la région d’Amiens est sinistrée par le chômage. Cette situation est le résultat de la volonté « décomplexée », partagée par les patrons et leurs alliés politiciens de la vraie droite comme de la fausse gauche de faire passer les intérêts des actionnaires avant ceux des salariés. Dans une telle situation, les fascistes du FN surfent sur les votes de trop nombreux électeurs qui se trompent de colère. Mais il ne faut jamais oublier que, quand des élus locaux ont dit leur solidarité avec les salariés en lutte (Motions du Conseil régionnal Picardie du 31 mai 2013 et du Conseil d’Amiens-Métropole du 4 décembre 2014), le FN a, à chaque fois, montré clairement quel est son camp en refusant de voter ces motions.

solidarité avec ceux qui luttent et en payent le prix

La gauche des luttes, celle qui n’a pas perdu sa boussole, sera au rendez-vous de la solidarité avec les salariés de Goodyear quand ils feront appel contre cette condamnation insuportable. Elle sera aussi aux côtés des salariés d’Air-France qui comparaîtront à nouveau devant le tribunal de Bobigny le 27 mai prochain. Il y aura ceux qui seront là et les autres qui tourneront le dos aux classes populaires luttant quotidiennement contre des conditions de travail indignes, le chômage, la vie chère, la destruction des services publics de santé et d’éducation…

Ces combats exigent l’unité la plus large.

Ils ont aussi valeur de test.

1 décembre 2015

Communiqué d’Ensemble! Saint-Denis: Non à la tenue d'un débat de l'Observatoire de la laïcité en mairie de St Denis


Le jeudi 3 décembre aura lieu un débat organisé par l’observatoire de la laïcité de Saint-Denis, celui du 27 mai n’ayant pas pu se tenir. Nous condamnons fermement la tenue de ce débat dans la salle du Conseil Municipal et demandons expressément que celui-ci ne puisse pas se tenir en mairie.

La municipalité ne peut pas apporter sa caution aux positions réactionnaires des intervenants annoncés, en mettant à leur disposition l'enceinte délibérative de la maison du peuple.

Nous rappelions, il y a quelques mois, qui était l’orateur choisi, Guylain Chevrier, ses accointances avec la droite et le soutien qu’il reçoit de la plus extrême d’entre elle, ses positions islamophobes, ou encore favorable au colonialisme*.

Cette fois ils sont trois hommes, dont Guylain Chevrier, qui ont la même vision régressive de la laïcité et l'obsession de stigmatiser les musulman-ne-s. L'observatoire de laïcité peut inviter ce type d'intervenant si bon lui semble, mais la municipalité n'a pas à le cautionner en leur offrant une salle en mairie.

Sur ces questions nous continuerons de défendre et promouvoir les valeurs de respect, de tolérance et de citoyenneté conformes à l'histoire de notre ville et de ses habitant-e-s.

Le 30 novembre 2015.
 
* Parmi le florilège des citations et articles de Mr Guylain Chevrier que l’on peut trouver sur plusieurs sites dont Atlantico ( http://www.atlantico.fr/fiche/guylain-chevrier-1501444) :
 
·         "L’immigré est présenté comme le héros moderne, porteur d’émancipation, mais qu’en est-il en général ? En réalité, l’immigré ne respecte, bien malgré lui, mais c’est ainsi, aucune des règles élémentaires qui garantissent la cohérence de la nation, les valeurs de notre république, il ignore les notions de code du travail, le sens même des libertés qui sont les notre, sans parler de la laïcité" . Extrait de 2008.
·         A vouloir absolument nous dire que le djihadisme n’aurait rien à voir avec l’islam, cela ne permet pas de désamorcer, de déjouer ce risque, cette entrée vers le terrorisme. Tant qu’un travail de désacralisation de ces références ne sera pas fait et assumé, il y aura danger.
·         Sur les mamans et le voile à l'école : C’est devant l’Observatoire national de la laïcité, initié par le Président de la République (2013), que la ministre a choisi de faire cette annonce. Cette même institution qui expliquait, dès ses tous premiers pas, par la voie de son président Jean-Louis Bianco, qu’il n’y avait aucun problème avec la laïcité en France ! Une déclaration sidérante pour les acteurs de terrain dans ce domaine, qui relèvent une augmentation constante des revendications communautaires à caractère religieux venus principalement d’un islam pratiquant et militant, qui dispute régulièrement la règle commune pour en obtenir des aménagements, mettant à mal notre République et ses valeurs.
·         Le djihadisme sans rapport avec l’islam ? « Un comble » pour Guylain Chevrier

29 novembre 2015

S'opposer à l'état d'urgence

par Laurent Lévy et Marie-Pierre Toubhans

"Cet état d'urgence n'est-il pas en réalité l’expression d’un pouvoir faible et impuissant qui cherche à bomber le torse dans une fuite en avant sécuritaire, surprenant même la droite sur son propre terrain ?"
Mercredi 24 novembre, Bernard Cazeneuve, s’est engagé à envoyer une circulaire aux préfets « pour que ces perquisitions se fassent, même si on est dans un état d’urgence, dans le respect du droit ».
Cet engagement du ministre de l'intérieur pourrait sembler surprenant : les préfets ont-ils besoin d'une circulaire particulière pour leur rappeler qu'ils doivent respecter la loi ? Doit-on penser qu'ils ont coutume d'outrepasser leurs droits ? Mais au delà de cet aspect comique, le sens de cette annonce est toutefois autre, et s'il vise à rassurer l'opinion publique sur le fait que l'état d'urgence n'est pas le contraire de l'état de droit, il masque une autre réalité : le fait que pour l'essentiel, les perquisitions administratives arbitraires sont désormais parfaitement légales. Les excès auxquels elles ont déjà donné lieu ne sont pas des violations de la loi mais de simples mises en œuvre par les préfets des pouvoirs que leur confère l'état d'urgence. Le problème des perquisitions administratives arbitraires, contrairement à ce que semble dire Bernard Cazeneuve, ce n'est pas leur illégalité. C'est au contraire leur légalité.
La déclaration de l'état d'urgence et le vote de sa prolongation par le Parlement ont suscité trop peu d'opposition, même si quelques voix se lèvent pour mettre en évidence ce que cette situation nouvelle comporte comme dangers pour le présent et pour l’avenir. Ne risque-t-on pas, au cours des trois prochains mois, de mettre en place des usages sur lesquels il sera difficile de revenir ? Et cela sans bénéfice réel pour la lutte contre le terrorisme ? Cet état d'urgence n'est-il pas en réalité l’expression d’un pouvoir faible et impuissant qui cherche à bomber le torse dans une fuite en avant sécuritaire, surprenant même la droite sur son propre terrain ?
Une émotion légitime de grande ampleur, une attente forte de réaction notamment en termes de sécurité publique, brouillent le contenu de la décision prise par le pouvoir. Et la gauche, qui n'a jamais donné de réponses qui lui soient propres sur ce terrain, semble n'avoir pour choix que de se retrouver sur celui de la droite réactionnaire, ou de n'avoir aucune réponse crédible à une situation extraordinaire.
L'annonce d'une prochaine introduction dans la constitution de dispositions permettant de créer un genre d'état d'urgence permanent – transformant en règle l'exception prévue par la loi – ne laisse donc pas d'inquiéter, d'autant que sont dans le même temps annoncées diverses mesures d'une gravité sans précédent, comme une modification du Code de la nationalité, permettant de déchoir de leur nationalité française, même acquise de naissance, des personnes binationales, créant ainsi une catégorie de sous-nationaux aux droits précaires.
La loi votée le 20 novembre a un double objectif : prolonger l’état d’urgence et modifier la loi de 1955.
Chacun de ces objectifs justifie notre opposition à cette loi, hélas votée à l'Assemblée par l'ensemble des député-e-s du Front de Gauche.
Sur la prolongation de l’état d’urgence
Il existe, hors tout état d'urgence, tout un arsenal de moyens donnés aux pouvoirs publics pour lutter contre le terrorisme, et l'état d'urgence n'en ajoute pas qui apparaissent nécessaires.
La législation anti-terroriste existante prévoit ainsi des mesures d'exception : durée allongée de garde à vue, perquisitions de nuit, techniques spéciales d’enquête… Tout cela va parfois plus loin que la loi de 1955 elle-même. La grande majorité des perquisitions administratives auraient ainsi été autorisées par la justice. Rappelons que l’enquête qui a abouti à l’assaut de St Denis a été menée suivant les procédures de droit commun, sans recours à des  mesures que seul l’état d’urgence aurait rendues possibles. La Ligue des Droits de l'Homme et le Syndicat de la Magistrature, entre autres, ont montré de façon convaincante que l'état d'urgence n'apportait rien en lui-même à la nécessaire lutte contre les terroristes en contrepartie des atteintes aux libertés publiques et individuelles qu'il permet – et qui sont effectivement mises en œuvre.
Sur son contenu et sur les modifications qui ont renforcé son caractère d’exception
Le glissement principal, sur le fond est le passage de la notion précise « d’activité dangereuse pour la sécurité et l’ordre public », notion déjà vague et susceptible d'interprétations assez larges à celle plus vague encore, imprécise et subjective de « comportement qui constitue une menace pour la sécurité et l’ordre public », ce qui permet à peu près tous les abus, étend l'éventail des personnes concernées et permet toutes les interprétations. C'est ainsi qu'on a vu en toute légalité procéder à des perquisitions administratives chez des maraîchers bio de Dordogne, à qui l'on reprochait explicitement de s'être mobilisés contre le projet de Notre Dame des Landes, ou assigner à résidence des militants pour la justice climatique. Et bien sûr, la porte est ouverte – et empruntée – à tous les amalgames à l’encontre de personnes musulmanes n'ayant rien à voir ni de près ni de loin avec le terrorisme. Les témoignages en ce sens se multiplient aujourd'hui, parfois relayés par la presse.
Sur le plan des libertés publiques, c'est le mouvement social dans son ensemble qui est visé par la mise en œuvre de l'état d'urgence : toute manifestation ou rassemblement revendicatif est frappé par une interdiction de caractère général sur l'ensemble du territoire. C'est en particulier le cas des grandes manifestations pour la justice climatique prévues fin novembre et début décembre.
Bernard Cazeneuve, parfaitement conscient de ce que la mise en œuvre de l'état d'urgence amènera la France à violer la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits Humains et des Libertés Fondamentales, a expressément informé le Conseil de l'Europe qu'elle s’apprêtait à y déroger, dans l'espoir de limiter les risques de condamnation de la France par la CECDH. Mais aux termes de la Convention, de telles dérogations ne sont légalement possibles que « en cas de guerre ou en cas d'autre danger public menaçant la vie de la nation », ce dernier cas visant plus des situations de guerre civile que des menaces terroristes.
Le 28 novembre.
Laurent Lévy, Marie-Pierre Toubhans

Qu’est-ce que l’état d’urgence ?

Prévu par la loi de 1955, l'état d'urgence peut être déclaré « en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, ou d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique ». Ce régime d’exception, a été crée pour remédier à l'état de crise résultant de la guerre d'Algérie, sans avoir à recourir à « l'état de siège », qui transfère l'autorité civile aux militaires (et reconnaît l'état de guerre). Il faut le distinguer de l’article 16 de la Constitution, qui permet de donner les pleins pouvoirs au Président de la République. Il existe des mesures associées (des pouvoirs exceptionnels au ministre de l’Intérieur et aux préfets, sans obligation de motiver leurs décisions) et des mesures complémentaires (ordonner des perquisitions administratives à domicile de jour et de nuit, dans les zones visées, sans lien avec une infraction par exemple). L'état d'urgence, s'est appliqué en Algérie puis en France, de 1955 à 1962, en Nouvelle-Calédonie en 1985, et dans un certain nombre de quartiers populaires lors des émeutes de 2005.
Il est déclaré par décret en Conseil des ministres. Sa prolongation au-delà de douze jours ne peut être autorisée que par la loi. De telles prolongations se sont toujours faites dans des contextes houleux. En 2005, la gauche s’y était opposée, la jugeant disproportionnée et inadaptée (d’autant que les émeutes se finissaient). Parlementaires socialistes et communistes avaient voté contre. En 1985, l’UDF et le RPR avaient voté contre la loi de prolongation, exprimant leur opposition à la façon de régler le conflit en Nouvelle-Calédonie. Le Sénat avait rejeté le texte, obligeant l’Assemblée à une dernière lecture. Le Conseil constitutionnel, saisi par les parlementaires de droite avait validé cette loi de prolongation.
La principale caractéristique de l'état d'urgence est le dessaisissement de l'autorité judiciaire au profit de l'administration dans les opérations de police, ce qui autorise en particulier les perquisitions administratives.
Les modifications principales introduites par la loi de prolongation :
Information des assemblées
« Art. 4-1. - L'Assemblée nationale et le Sénat sont informés sans délai des mesures prises par le Gouvernement pendant l'état d'urgence. Ils peuvent requérir toute information complémentaire dans le cadre du contrôle et de l'évaluation de ces mesures. »
L’assignation à résidence
- La notion « d’activité dangereuse pour la sécurité et l’ordre public » est substituée à celle de « comportement [qui] constitue une menace pour la sécurité et l'ordre publics »
- Les personnes pourront être astreintes à demeurer dans des lieux d’habitation déterminés, pendant une plage horaire fixe, dans la limite de 12h consécutives par 24h.
- Elles pourront se voir astreintes à se présenter périodiquement, dans la limite de trois fois par jour et à remettre leurs titres d’identité en échange d’un récépissé.
- Une personne pourra également se voir interdire de se trouver en relation, directement ou indirectement, avec certaines personnes nommément désignées. Cette interdiction peut être levée dès qu’elle n’est plus nécessaire, l'administration étant seule juge de cette « nécessité ».
- Une surveillance électronique mobile est également prévue (sur ordre du ministre de l'Intérieur, avec l'accord écrit de la personne en cause) « lorsque la personne assignée à résidence a été condamnée à une peine privative de liberté pour un crime qualifié d'acte de terrorisme ou pour un délit recevant la même qualification puni de dix ans d'emprisonnement et a fini l'exécution de sa peine depuis moins de huit ans ».
Nouvelle possibilité de dissoudre des associations en Conseil des Ministres
La loi crée un nouvel article pour dissoudre, par décret en conseil des ministres, les associations ou groupements de fait qui participent à la commission d’actes portant une atteinte grave à l’ordre public ou dont les activités la facilitent ou y incitent, et qui comprennent des membres qui ont été assignés à résidence. C’est un élargissement des critères de dissolution d’associations. Ceci n’est pas directement lié à l’état d’urgence. Les effets de la dissolution se poursuivront après la fin de l'état d'urgence.
La simplification des recours
La loi de 1955 prévoyait la mise en place de commissions départementales de recours, commissions qui n’existent pas. La loi propose d’en rester aux recours en référé devant le tribunal administratif.
Le régime des perquisitions administratives
La loi prévoit :
- d'élargir la définition des lieux qui peuvent être perquisitionnés, en y incluant les véhicules ou les lieux publics ou privés qui ne sont pas des domiciles.
- que les perquisitions administratives dans les lieux affectés à l’exercice d’un mandat parlementaire ou de l’activité professionnelle des avocats, des magistrats ou journalistes ne seront plus possibles.
- une perquisition peut être organisée « lorsqu'il existe des raisons sérieuses de penser que ce lieu est fréquenté par une personne dont le comportement constitue une menace pour la sécurité et l'ordre publics. »
- le procureur de la République devra être informé sans délai (mais a posteriori) de la décision, ainsi que des lieux et moments. « La perquisition est conduite en présence d’un officier de police judiciaire territorialement compétent. Elle ne peut se dérouler qu’en présence de l’occupant ou, à défaut, de son représentant ou de 2 témoins. »
- il pourra être accédé aux systèmes informatiques des personnes mises en cause et aux données stockées dans ces systèmes, dès lors que ces données sont accessibles à partir du système initial. Ces données pourront être copiées sur tout support.
- la perquisition donnera lieu à l’établissement d’un compte-rendu communiqué sans délai au procureur de la République.
Internet
« Le ministre de l'intérieur peut prendre toute mesure pour assurer l'interruption de tout service de communication au public en ligne provoquant à la commission d'actes de terrorisme ou en faisant l'apologie. »
La suppression de la censure
L’alinéa qui permettait la censure de la presse, radio, cinéma, livres et théâtre (mais ni Internet, ni la télé) est abrogé, malgré l'avis de certains parlementaires. Il n’avait été utilisé ni en 1985, ni en 2005, ni en 2015.
Le renforcement des peines prévues
Les peines prévues en 1955 pour violation des décisions prises en vertu de l'état d'urgence étaient de huit jours à deux mois. Elles passent à six mois, un an ou trois ans d’emprisonnement en fonction des cas.

20 novembre 2015

Tract d'Ensemble! St Denis suite aux événements du 18 novembre

Ce 18 novembre 2015, vers 4 heures du matin, les forces de polices et de sécurité sont intervenues dans le centre-ville de Saint-Denis, dans le cadre d’une opération visant à interpeller des terroristes des attentats du 13 novembre. Deux personnes sont mortes et sept ont été mises en garde à vue. Une fois de plus, c’est l’horreur. Un sentiment de guerre et de terreur.
ENSEMBLE Saint-Denis s’associe à l’émotion des Dionysien-ne-s qui viennent encore de vivre des heures d’angoisse. Nous remercions et saluons l’ensemble des agents publics qui nous protègent, nous soignent et nous aident dans ces moments difficiles. Face à cette terreur, plus que jamais, nous avons besoin de faire vivre les valeurs de cette ville : solidarité, fraternité, justice, combat pour l’égalité. Nous avons besoin de parler, d’échanger, de partager, de nous rassembler et de ressouder les cœurs meurtris par tant de violence. Comme il est inscrit sur le fronton de la mairie : « faire face ensemble ».
Dans ces moments douloureux, nous condamnons les discours haineux qui visent à stigmatiser la ville de Saint Denis et ses habitant-e-s. La proposition du Front National de « mettre sous tutelle » notre commune est totalement scandaleuse, elle vise une fois de plus à nous diviser, à faire passer les immigré-e-s, les musulman-ne-s pour des terroristes. Saint-Denis est une ville de solidarités, populaire, métissée, qui se bat au quotidien pour la justice, l’égalité et la paix. Tout ce que rejettent les fascistes religieux et l’extrême droite nationaliste française. Plus que jamais nous devons nous rassembler et faire face ensemble à ces idéologies fascistes.
Il est encore difficile de prendre la mesure du choc qui a frappé la société française. Plusieurs milliers de personnes ont eu un-e proche, un-e ami-e, un-e collègue de travail frappé-e par les terroristes. C'est notre société multiculturelle et laïque qui est attaquée, en tout premier lieu sa jeunesse. L’ensemble de la population a su faire preuve de solidarité. Les nombreux hommages publics qui ont eu lieu en témoignent. La peur ne doit pas l’emporter. Il faut dans les prochains jours, amplifier les initiatives qui démontrent notre capacité collective à la mobilisation citoyenne, l’expression populaire, à la convivialité et à la solidarité, afin de surmonter cette épreuve. Nous devons affirmer notre détermination à vivre libres, dans une société ouverte que l'organisation État Islamique veut détruire. 
Des moyens suffisants doivent être mis en œuvre pour arrêter les responsables de ces crimes atroces, protéger les populations et prévenir de nouveaux attentats. Le « pacte de stabilité » qui impose l’austérité à la France doit cesser et laisser place à un « Pacte de solidarité », donnant les moyens nécessaires pour renforcer la cohésion sociale, la justice et l’égalité (services publics, collectivités territoriales, prévention, éducation et santé en priorité), et qui ne peut se réduire au seul renforcement des effectifs des personnels de sécurité.
Cela peut et doit se faire dans le cadre de l’État de droit et sans remettre en cause les libertés publiques et la démocratie. Nous condamnons la prolongation de l’Etat d’urgence votée par le Parlement. Si des mesures sont nécessaires pour assurer la sécurité des populations, l'état d'urgence fait peser de graves menaces sur les libertés publiques et le droit de manifestation. Déjà, plusieurs manifestations ont été interdites : celles contre les violences faites aux femmes le 21 novembre, en solidarité avec les réfugié-e-s le 22 novembre, et, à l'occasion de la Cop 21, les 29 novembre et 12 décembre. Ce dispositif s'inscrit dans un processus de durcissement constant des textes législatifs parallèlement à une réduction des moyens de la police et de la justice.
En reprenant les propositions de la droite et de l’extrême droite visant à faciliter les expulsions et la déchéance des binationaux/nales, il stigmatise une partie des citoyen-ne-s françai-se-s, sans répondre au défi auquel nous sommes confronté-e-s. De même la proposition d’engager dans la précipitation une révision de la Constitution visant à créer un véritable « État d’urgence permanent » constitue une rupture politique dangereuse. Ce n’est pas d’une refondation sécuritaire et autoritaire de la République dont nous avons besoin, mais au contraire d'une refondation sociale et démocratique, de la construction d’une démocratie plus forte, qui permette réellement à chacun-e de s’impliquer dans les affaires collectives. Nous avons besoin de plus d’égalité, de justice sociale, de libertés.
Nous refusons tous les amalgames entre Islam et terrorisme. Nous combattons toutes les provocations et les agressions violentes des groupes d’extrême droite. Contrairement à ce que propose Marine Le Pen, qui en fait des boucs-émissaires, il faut poursuivre l’accueil des réfugié-e-s notamment syrien-ne-s, irakien-ne-s, libyen-ne-s… qui ont été victimes, elles et eux aussi, des violences de milices et de groupes armés terroristes tels que l’organisation de État Islamique – et pour les syrien-ne-s, celles du régime de Bachar El Assad.
L’organisation  État Islamique est le produit de l’intervention américaine en Irak et des guerres, auxquelles participent les armées françaises, qui ravagent le Moyen-Orient depuis plusieurs décennies maintenant. Alors que l'organisation État Islamique a multiplié ces dernières semaines les attentats en Égypte, au Liban, en Libye, en Turquie, c’est à l’échelle internationale qu’une issue pourra se dessiner. 
De ce point de vue, la nécessité de la lutte contre l’EI ne peut justifier une alliance avec le dictateur syrien comme le réclament de nombreux responsables politiques français. Bachar El Assad depuis trois ans mène une guerre sans pitié contre son peuple qui a fait plus de 200 000 morts. Bien au contraire c’est la solidarité avec le peuple syrien, qui se bat en même temps contre l’ÉI et contre Bachar El Assad, qu’il faut renforcer. Comme il faut soutenir le combat mené par les kurdes, à l’encontre de la politique d’Erdogan. Il y a urgence à construire des initiatives internationales, qui permettent de mettre en échec le projet totalitaire de l'organisation État Islamique, qui imposent un embargo sur le pétrole et les armes qu’il utilise, et qui fassent prévaloir les droits des peuples syriens et irakiens à un régime politique démocratique sous contrôle populaire, et aux droits nationaux du peuple kurde.

Il est nécessaire aujourd’hui d’ouvrir un large débat sur la politique étrangère de la France qui concerne tous les citoyens. La fuite en avant dans une logique de guerre accentuée ne peut permettre de faire émerger des solutions durables. Pas plus que le maintien d’une « bonne entente » avec les dynasties et dictatures du Moyen-Orient.
Aux agressions meurtrières contre la liberté, il faut opposer très vite, à l’échelle nationale comme à l’échelle européenne, les exigences de la démocratie, l’égalité des droits et la justice sociale à la place de l’austérité, une fraternité universelle, un accueil européen des réfugiés, une humanité solidaire. C’est la responsabilité des forces de gauche et des forces du mouvement social de contribuer à faire entendre la solidarité entre les peuples contre toutes les barbaries.
Nous souhaitons que cela soit exprimé dans la rue, par la plus large convergence possible, dans les jours qui viennent.

Communiqué d'Ensemble! Non à l'état d'urgence !

Les députés viennent d'approuver la prolongation de l'état d'urgence, députéEs du Front de gauche incluEs.
Pour « Ensemble! », si des mesures sont nécessaires pour assurer la sécurité des populations, l'état d'urgence fait peser de graves menaces sur les libertés publiques et le droit de manifestation. Déjà, plusieurs manifestations ont été interdites : celles contre les violences faites aux femmes le 21 novembre, en solidarité avec les réfugiéEs le 22 novembre, et, à l'occasion de la Cop 21, les 29 novembre et 12 décembre. Ce dispositif s'inscrit dans un processus de durcissement constant des textes législatifs parallèlement à une réduction des moyens de la police et de la justice.
L'état d'urgence implique que l'autorité administrative a pendant trois mois la prééminence sur la justice.
L'actuelle surenchère sécuritaire puise dans les propositions de la droite et de l'extrême-droite. Elle les légitime.
Ainsi en est-il de l'assignation à résidence pour les personnes censées menacer l'ordre public ou dont le comportement, les fréquentations iraient dans ce sens. Toutes les interprétations extensives, les stigmatisations sont rendues possibles.
Ainsi en est-il du recours possible de bracelet électronique pour certains assignés à résidence, de la déchéance de nationalité ou du visa de retour.
En parallèle, le gouvernement en profite pour donner son feu vert à l'armement des policiers municipaux et au port d'arme pour les policiers en dehors de leur service.
C'est pourquoi, « Ensemble! » condamne la prolongation de l'état d'urgence voulue par F. Hollande et son gouvernement et qui préfigure ce que pourrait être la réforme constitutionnelle instaurant un régime civil d'état de crise.
Ce n'est pas d'une refondation sécuritaire et autoritaire dont nous avons besoin mais d'une République sociale et démocratique, de plus d'égalité, de justice sociale et de liberté, ce qui implique la lutte contre le chômage et la précarité, contre tous les racismes, les discriminations.
Le 19 novembre 2015.
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No to the State of Emergency !
The members of the National Assembly, including the group of Left Front members, have just (19 November 2015) voted for a 3-month extension of the State of Emergency.
For Ensemble ! (member of the Left Front), while we recognise that action must be taken to protect the population, the State of Emergency represents a grave threat to public freedoms and the right to demonstrate. Several demonstrations have already been banned : those against violence to women (21 November) and in solidarity with refugees (22 November) as well as the 29 November and 12 December mobilisations in connection with the COP 21. These measures are part of a process of a constant toughening of the law, along with a reduction in the resources allocated to the police and justice.
The State of Emergency implies a preeminence of administrative authority over that of the judicial system.
The current race to ‘law and order’ borrows from the policies advocated by the right-wing and far-right parties, and legitimises them.
One example is house arrest for persons suspected of being a threat to public order or whose behaviour or company suggest such a threat. This clearly permits all kinds of extensive interpretation and stigmatisation.
Other examples are the use of electronic bracelets for people placed under house arrest, deprivation of nationality and cancellation of return visas.
In parallel, the government has jumped on the opportunity to allow municipal police forces to be armed, and for off-duty officers to be authorised to carry their weapons.
For all these reasons, Ensemble ! condemns the prolongation of the State of Emergency pushed by F Hollande and his government, which is a foretaste of the proposed constitutional reform introducing a civil State of Crisis. 
We do not need an authoritarian and securitarian reorganisation, but rather a social and democratic Republic, greater equality, social justice and freedom, which requires a struggle against unemployment and precariousness, and against all forms of racism and discrimination.
Ensemble! (member of the Left Front), 19 November 2015